Couturière professionnelle, maître tailleuse et maître fourreuse, Hélène Labine a travaillé passionnément avec les aiguilles durant toute sa vie. La résidente de la Résidence Floralies Lachine se raconte…
Elle partage son parcours et sa vision qui s’inscrivent dans la continuité afin d’assurer une qualité de soins et de services optimale aux résidents…
Aujourd’hui âgée de 69 ans, Hélène Labine a commencé à étudier la couture alors qu’elle avait 14 ans. Elle suivait les traces de sa mère qui tenait un magasin de tissus sur la rue Eddy, à Hull. « Nous vivions au deuxième étage. Petite, j’allais auprès de ma maman pour jacasser et elle m’expliquait la couture. Je suis tombée en amour avec le métier », raconte Mme Labine.
Durant ses études dans un collège privé, elle a appris à créer des patrons à partir d’une simple photo, à faire du sur mesure et à développer une expertise de maître tailleuse.
Au même moment, elle travaillait dans l’entreprise familiale. « Je me souviens qu’à l’époque, on vendait trois verges de tissu en coton égyptien pour un dollar. Je revois les deux robes identiques que nous avions confectionnées ma mère et moi pour le baptême de sœurs jumelles. Nous avions été invitées à l’église et à la réception ensuite. C’était ça pour nous, la paie : de voir les gens heureux ! »
Rapidement, Hélène Labine se développe aussi une spécialité : la confection de vêtements pour les personnes vivant avec une anomalie physique ou un handicap. « La couture m’a appris un amour, une sensibilité, une compassion, un respect de l’être humain de la plus haute importance, et ce, peu importe sa différence…»
Lorsque Mme Labine s’est mariée une première fois, c’est sa mère qui a confectionné sa robe de mariée dans un échantillon de tissu italien de trois verges qu’elle avait reçu, explique Mme Labine en montrant fièrement la photo de ce jour mémorable.
« Je n’ai jamais été plus que trois jours sans travailler. Que ce soit à Ottawa, à Vancouver, à Winnipeg ou à Memphis, j’ai chaque fois réussi à me rebâtir une clientèle.
Au fil des ans, j’ai toujours continué de me former pour apprendre de nouvelles techniques et d’autres spécialités de la couture. Je n’ai aucun regret et je ne changerais rien… même les nuits blanches ! »
– Hélène Labine
La couturière des New Supremes
Au bout de sept ans de mariage et après avoir eu un fils, Hélène Labine divorce de son mari et suit ses parents à Vancouver. Elle assiste alors à un spectacle qui allait changer le cours de son existence.
C’était une prestation des New Supremes – un groupe hommage à la formation de Diana Ross. Après la représentation, elle rencontre la chanteuse Phyllis Duncan dans sa loge et lui parle de son expertise et de ses années d’expérience. « J’ai passé la nuit à faire des croquis pour eux. Le lendemain, pour les dépanner, j’ai confectionné trois jackets dans la salle de bain de l’hôtel avec mon moulin à coudre que je traînais partout ! »
Peu de temps après, elle devenait celle qui allait confectionner les costumes de scène du groupe, allant jusqu’à déménager à Memphis, Tennessee, où il était basé. Elle y restera un total de 20 ans avant de revenir au pays, et y fera la rencontre de son deuxième mari.
« Le plus beau compliment jamais reçu est venu de Phyllis Duncan. J’avais créé une robe pour elle qui a fait sensation. En sortant de scène, elle m’a lancé : You are a tough act to follow ! L’audience avait tellement réagi à sa robe, qu’il avait fallu qu’elle chante mieux afin de détourner l’attention ! »
Encore aujourd’hui, celle qui cumule 55 ans de carrière ne pourrait pas s’imaginer arrêter de coudre. « J’ai demandé à Dieu de me laisser mon cerveau, mes yeux et mes mains. C’est tout. Je peux me déplacer en chaise roulante, tant que je peux me rendre à mon moulin à coudre », conclut-elle au milieu de bobines de fil et de tissus…